Quelles écritures passer lors du versement de dividendes ?

La distribution de dividendes est l'aboutissement d'un exercice comptable bénéficiaire. C'est l'acte par lequel la société décide de rémunérer ses actionnaires ou associés. Contrairement aux charges courantes, cette opération n'impacte pas le résultat de l'année en cours mais constitue une affectation du résultat de l'année précédente (N-1).

Pour bien saisir cette mécanique, il faut rappeler que les fonds propres (classe 1) sont au cœur de la vie de l'entreprise, depuis les écritures de constitution de société jusqu'à la répartition des profits.

Cet article détaille les deux étapes clés : la décision d'affectation (juridique) et le paiement (trésorerie).

1. L'écriture d'affectation du résultat (AGO)

La première étape est juridique. Lors de l'Assemblée Générale Ordinaire (AGO), qui doit se tenir dans les 6 mois suivant la clôture, les associés approuvent les comptes et décident de l'affectation du bénéfice.

Tant que l'AGO n'a pas eu lieu, le bénéfice reste en "instance". Au moment de la décision, on solde le compte de résultat pour répartir les sommes entre :

1. Les réserves légales (Obligatoire : 5% du bénéfice jusqu'à atteindre 10% du capital).
2. Les réserves statutaires ou facultatives.
3. Le report à nouveau (bénéfice reporté à plus tard).
4. Les dividendes (somme à verser aux associés).

Schéma d'écriture : Constatation de la dette envers les associés

Supposons un bénéfice distribuable de 20 000 €. L'AGO décide de mettre 1 000 € en réserve légale et de distribuer 19 000 € de dividendes.

Le compte clé : C'est le compte 457 qui matérialise la dette de la société envers ses actionnaires. Tant que le paiement n'est pas fait, ce montant reste au passif du bilan.

2. L'écriture de paiement des dividendes (et fiscalité)

Le versement des dividendes entraîne une sortie de trésorerie. Cependant, la société joue souvent le rôle de collecteur d'impôt pour l'État via la Flat Tax (Prélèvement Forfaitaire Unique - PFU) ou les prélèvements sociaux.

En 2024/2025, la Flat Tax standard est de 30% (12,8% d'impôt sur le revenu + 17,2% de prélèvements sociaux), retenue à la source par la société lors du paiement.

Schéma d'écriture : Paiement avec retenue à la source (Flat Tax)

Reprenons nos 19 000 € de dividendes bruts.

• Retenue à la source (30%) = 5 700 € (à verser à l'État).
• Net à payer aux associés = 13 300 €.

Si les associés sont des personnes morales (holding) ou optent pour des régimes spécifiques (dispense d'acompte), le montant de la retenue (compte 4421) variera, mais la logique reste la même : le compte 457 doit être soldé.

Le règlement des impôts retenus

Dans le mois suivant le paiement des dividendes, la société doit reverser la retenue à l'État (via le formulaire 2777).

Une fois ces opérations passées, assurez-vous que votre compte 512 correspond bien à votre relevé bancaire. Pour vérifier cela, référez-vous à la méthode décrite dans notre article sur le rapprochement bancaire.

Résumé des comptes à utiliser

Pour comptabiliser une distribution de dividendes sans erreur, surveillez ces comptes :

• 120 : Le compte de résultat bénéficiaire (à solder).
• 457 : Le compte pivot "Dividendes à payer" (crédité à l'AGO, débité au paiement).
• 442 : État, impôts et taxes recouvrables sur des tiers (pour la Flat Tax).

La rigueur dans ces écritures est essentielle pour justifier les flux de trésorerie sortants auprès de l'administration fiscale.