Les écritures comptables pour déprécier ou solder une créance client

La gestion du risque client est une composante essentielle de la comptabilité d'entreprise. Malgré les procédures de relance, il arrive malheureusement que certaines factures de vente (voir notre article détaillé sur l'écriture de vente client) ne soient pas réglées à l'échéance.

Face à un risque de non-paiement, le comptable doit appliquer le principe de prudence. Cela implique de constater la perte probable dès qu'elle apparaît (client douteux) ou la perte définitive lorsqu'elle est avérée (créance irrécouvrable).

Voici la procédure étape par étape pour traiter ces situations comptables délicates.

1. Le reclassement en Client Douteux

Dès qu'un recouvrement devient incertain (litige commercial, redressement judiciaire du client, retard de paiement significatif...), la créance ne doit plus figurer parmi les créances "saines". On doit l'isoler comptablement.

L'écriture consiste à transférer le montant TTC de la créance du compte client classique vers un compte spécifique.

Le schéma d'écriture de reclassement

Cette écriture n'a pas d'impact sur le résultat, elle modifie simplement la présentation du Bilan pour alerter sur la qualité des créances.

2. La dépréciation de la créance (Provision)

Si le risque de perte est probable (mais pas encore certain), il faut constater une dépréciation. C'est ici que l'on applique le principe de prudence : on anticipe la charge future.

Point d'attention : La provision se calcule toujours sur le montant Hors Taxe (HT) de la créance. En effet, en cas de perte définitive, l'entreprise pourra sous conditions récupérer la TVA. La perte réelle correspond donc uniquement au montant HT.

Calcul de la provision : Montant HT de la créance impayée × % de risque estimé par le dirigeant ou le service juridique.

Le schéma d'écriture de dotation

Cette écriture diminue le résultat de l'exercice (via le compte 68) et diminue la valeur nette du poste client à l'actif (via le compte 491).

Pour approfondir la mécanique des provisions, consultez notre article sur les écritures de provisions pour risques et charges.

3. La Créance Irrécouvrable (Perte Définitive)

Lorsque la perte devient certaine (par exemple suite à un jugement de liquidation judiciaire clôturée pour insuffisance d'actif, ou un certificat d'irrécouvrabilité), il ne s'agit plus d'une estimation mais d'un fait. Il faut alors sortir définitivement la créance du bilan.

Deux opérations simultanées sont nécessaires : constater la perte et annuler la provision antérieure devenue sans objet.

A. Constatation de la perte définitive

On "solde" le compte client douteux et on enregistre la charge définitive.

*La récupération de la TVA nécessite généralement l'envoi d'un duplicata de facture rectificatif mentionnant que la TVA ne peut être déduite par le client.

B. Reprise de la provision

Puisque la perte a été enregistrée en charge (compte 654), la provision que nous avions passée à l'étape 2 n'a plus de raison d'exister. Si on ne l'annule pas, la charge serait comptée deux fois (une fois en provision, une fois en perte).

Résumé du cycle

1. Vente : Enregistrement classique (411 au débit).
2. Incident : Reclassement (411 au crédit, 416 au débit).
3. Risque : Dotation aux provisions (681 au débit, 491 au crédit).
4. Perte certaine :
   • Constatation de la perte (654 au débit, 416 au crédit).
   • Annulation de la provision (491 au débit, 781 au crédit).

Maîtriser ces écritures est indispensable pour présenter un bilan sincère et fidèle à la réalité économique de l'entreprise.